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Obligations : un pilier… dont le pouvoir protecteur s’effrite
Les obligations occupent toujours une place centrale dans les portefeuilles, dans les esprits… et dans les réglementations. Elles restent la référence du « placement sûr », du taux sans risque et du fonds en euros.
Pourtant, les grandes forces à l’œuvre – dette publique élevée, difficulté à réformer, vieillissement démographique – fragilisent leur capacité à protéger réellement votre pouvoir d’achat.
L’objectif de cet article est de vous expliquer, de manière pédagogique :
pourquoi les obligations restent incontournables sur le plan psychologique et réglementaire ;
en quoi le monde a changé, au détriment du porteur obligataire ;
comment repenser le rôle de la dette dans votre patrimoine ;
quelles pistes envisager pour protéger votre capital en termes réels, grâce à une allocation plus active et diversifiée.
1. Pourquoi les obligations restent au cœur des portefeuilles
1.1. Le poids de l’histoire… et de la psychologie
Pendant plus de 30 ans, les investisseurs ont vécu dans un monde où :
les taux d’intérêt ont baissé quasi en continu, soutenant la valeur des obligations anciennes,
l’inflation est restée modérée,
les obligations d’État des pays développés étaient perçues comme sans risque de défaut.
Résultat :
dans la mémoire collective, une obligation d’État de bonne qualité = sécurité + revenu régulier ;
dans les contrats d’assurance-vie, les fonds en euros – très majoritairement investis en obligations – sont devenus l’outil de référence de l’épargne de long terme des Français.
Même après le choc d’inflation de 2022‑2023, cette représentation reste très ancrée.
1.2. Un statut réglementaire privilégié
Les obligations bénéficient aussi d’un traitement de faveur dans les normes prudentielles (banques, assureurs, institutions financières) :
les emprunts d’États bien notés consomment peu ou pas de fonds propres dans les modèles de solvabilité ;
les portefeuilles obligataires sont utilisés pour calibrer les risques et respecter des ratios (liquidité, solvabilité, duration des passifs, etc.) ;
les normes comptables et prudentielles valorisent des actifs jugés stables et liquides, ce qui renforce mécaniquement le rôle des obligations d’État.
En pratique, cela signifie que, quelles que soient les perspectives de rendement réel, banques et assureurs continueront à détenir beaucoup d’obligations.
Et cela nourrit l’idée, chez l’épargnant, que « si les institutions en détiennent, c’est que c’est sûr ».
2. Des forces structurelles qui érodent le pouvoir protecteur des obligations
Le paradoxe vient de là :
la place centrale des obligations est intacte, mais le monde qui les entoure a profondément changé.
Trois forces lourdes modifient l’équation pour l’épargnant.
2.1. Une montagne de dettes
En France, la dette publique dépasse désormais 110 % du PIB (113 % en 2024 selon l’INSEE, contre 81 % en moyenne dans l’Union européenne).
Les dernières données prolongent cette tendance : déficit public autour de 5,8 % du PIB en 2024, dette qui continue de progresser.
Des analyses récentes montrent même une dette avoisinant 115–116 % du PIB à mi‑2025, avec un service de la dette en forte hausse.
Or, plus la dette est élevée, plus les États ont intérêt à :
laisser l’inflation éroder la valeur réelle de ce qu’ils doivent ;
maintenir des taux d’intérêt réels faibles ou négatifs afin de rendre la charge de la dette supportable.
Ce n’est pas nécessairement le fruit d’un « complot », mais d’une arithmétique budgétaire : une dette élevée rend politiquement difficiles des taux réels durablement élevés.
2.2. Une réforme structurelle politiquement coûteuse
Réformer en profondeur (dépenses publiques, retraites, marché du travail, fiscalité) est politiquement difficile.
Les démocraties avancées, France comprise, ont tendance à :
repousser dans le temps les ajustements structurels ;
privilégier des réponses de court terme (plans de soutien, dépenses ciblées, mesures fiscales ponctuelles) ;
accepter des déficits récurrents, en comptant sur la croissance et/ou l’inflation pour stabiliser la dette.
Cette « incapacité politique à réformer » renforce le scénario où l’investisseur obligataire devient la variable d’ajustement silencieuse : c’est son pouvoir d’achat qui s’érode.
2.3. Vieillissement démographique et pression sur les finances publiques
Au 1er janvier 2024, 21,5 % des habitants en France ont 65 ans ou plus (et 10,4 % ont 75 ans ou plus), l’une des proportions les plus élevées de l’Union européenne.
Cela a plusieurs implications :
dépenses de retraite durablement élevées ;
hausse des dépenses de santé et de dépendance ;
base de cotisants qui progresse moins vite que la population âgée.
Dans ce contexte, il est peu probable que la trajectoire de la dépense publique se contracte fortement.
La tentation de laisser l’inflation rogner la dette en douceur plutôt que de couper brutalement dans les dépenses est très forte.
3. Le retour de l’inflation : l’ennemi intime de l’obligataire
Après des décennies d’inflation modérée, le choc 2021‑2023 a rappelé une réalité simple :
une obligation protège mal contre un regain durable d’inflation, surtout si le coupon reste modeste.
En France, l’inflation harmonisée est passée d’environ 3,4 % en 2021 à 6,7 % en 2022, puis 4,1 % en 2023 avant de retomber autour de 1,8 % en 2024.
Pour combattre cette inflation, la BCE a relevé ses taux directeurs, portant notamment le taux de la facilité de dépôt à 4 % en 2023.
Conséquences pour l’épargnant :
Les obligations anciennes à faible coupon ont subi des moins‑values lorsque les taux ont remonté.
Même avec des taux plus élevés aujourd’hui, l’inflation passée a déjà amputé une partie du pouvoir d’achat accumulé.
À l’avenir, si les États sont très endettés, les banques centrales pourraient être tentées de tolérer une inflation légèrement supérieure à la cible, tout en limitant la hausse des taux nominaux : le scénario rêvé pour le Trésor public… mais moins favorable pour le rentier obligataire.
3.1. Un exemple simple de rendement réel
Supposons :
un rendement obligataire de 3 % brut ;
une fiscalité globale à 30 % ;
une inflation moyenne à 2,5 %.
Rendement après impôts ≈ 2,1 %.
Rendement réel approximatif ≈ 2,1 % – 2,5 % ≈ –0,4 % par an.
Autrement dit, vous encaissez un coupon, mais votre pouvoir d’achat recule légèrement.
Sur 10 ans, l’écart cumulé devient significatif.
4. Repenser le rôle de la dette dans le patrimoine
Face à ces forces structurelles, il ne s’agit pas de « bannir » les obligations, mais de changer de regard sur leur rôle.
4.1. De la « sécurité absolue » à la « brique de stabilité relative »
Les obligations peuvent encore jouer plusieurs rôles utiles :
amortisseur partiel lors de chocs sur les marchés actions, même si les corrélations varient dans le temps ;
source de portage (revenu régulier) dans des portefeuilles diversifiés ;
outil de gestion de la duration pour aligner l’horizon des placements sur celui des projets (retraite, transmission, etc.).
Mais elles ne doivent plus être vues comme :
une garantie automatique de préservation du pouvoir d’achat ;
une solution unique de sécurité à long terme.
4.2. Mieux diversifier l’univers obligataire
Plutôt que de se limiter aux emprunts d’État classiques, il est possible – en fonction de votre profil de risque – d’ouvrir le spectre :
Obligations indexées sur l’inflation (OATi, OAT€i, etc.), qui ajustent une partie du capital ou du coupon à l’inflation ;
Crédit d’entreprise de qualité (investment grade), éventuellement via des fonds obligataires bien diversifiés ;
Durations plus courtes, pour limiter la sensibilité aux hausses de taux ;
Gestion active des spreads de crédit (différence de rendement entre dette d’État et dette privée), qui peut offrir des opportunités de portage supplémentaires.
Cette diversification ne supprime pas le risque, mais elle permet de mieux répartir les sources de rendement.
5. Protéger le capital réel : accepter une allocation plus active et diversifiée
La conclusion logique de ce paradoxe obligataire est la suivante :
pour préserver votre patrimoine, il faut raisonner en “capital réel” et non plus seulement en capital nominal.
Concrètement :
5.1. Combiner plusieurs moteurs de rendement
Une allocation de long terme peut s’appuyer, selon votre profil de risque, sur différents piliers :
Actions de qualité, capables de faire croître leurs bénéfices plus vite que l’inflation sur le long terme ;
Actifs réels : immobilier (direct ou via SCPI/OPCI), infrastructures, parfois matières premières ou or, selon les cas ;
Dette diversifiée : obligations souveraines, crédit d’entreprise, dette indexée, dette structurée, en proportion adaptée ;
Trésorerie de précaution, pour les projets à très court terme et pour saisir des opportunités.
L’idée n’est pas de tout avoir, tout le temps, mais de combiner des briques complémentaires, plutôt que de concentrer son patrimoine sur la seule dette publique.
5.2. Accepter une gestion plus dynamique
Dans un monde de dettes élevées, de transitions démographiques et de tensions géopolitiques :
les régimes d’inflation peuvent alterner plus fréquemment ;
les politiques monétaires peuvent changer de cap rapidement ;
les corrélations entre classes d’actifs sont moins stables.
Il devient pertinent de :
adapter périodiquement l’allocation (plutôt que de la figer pour 20 ans) ;
raisonner en scénarios (inflation durablement plus élevée, retour à une inflation très basse, choc récessif, etc.) ;
arbitrer entre durée, crédit et actifs réels plutôt que de rester massivement exposé à une seule forme de dette.
5.3. Le rôle de l’accompagnement patrimonial
Ce travail d’arbitrage n’a pas vocation à être improvisé.
Chez AVEFI, notre rôle consiste à :
analyser votre situation globale (patrimoine, fiscalité, horizon, projets, sensibilité au risque) ;
mesurer l’exposition réelle de votre patrimoine à l’inflation et aux taux d’intérêt ;
proposer des allocations où la dette garde une place, mais redéfinie :
comme source de revenu et d’équilibre,
et non comme seule promesse de protection du capital.
6. En résumé : garder les obligations, mais changer de logiciel mental
Les obligations conservent une place clé dans les portefeuilles, pour des raisons psychologiques et réglementaires.
Mais les forces structurelles (dette élevée, réforme difficile, vieillissement) rendent plus probable un monde où l’investisseur obligataire finance, par l’érosion de son pouvoir d’achat, l’ajustement des finances publiques.
Dans ce contexte, protéger votre capital réel suppose :
de ne plus considérer les obligations comme « totalement protectrices » ;
de diversifier davantage vers les actifs réels et les sources de rendement action ;
d’utiliser la dette comme brique de stabilité relative au sein d’un ensemble plus large ;
et d’accepter une gestion plus active et scénarisée de votre patrimoine.
Nous sommes à votre disposition pour étudier, avec vous, ce que cela implique concrètement pour votre épargne, votre retraite et vos projets de transmission.
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