1. Pourquoi l’or flambe ?
Recherche de valeur refuge : record historique à ~3 500 $/oz fin avril, puis consolidation autour de 3 300 $/oz fin juin ; la montée des tensions (Iran-Israël, Ukraine, détroit de Taïwan) a déclenché une prime de risque géopolitique sans précédent
Dollar plus faible & attentes de baisses de taux : la remise en cause de l’indépendance de la Fed par Washington alimente un scénario de « pivot » monétaire ; la chute de plus de 10 % du DXY en 2025 renforce mécaniquement le prix des métaux cotés en dollars .
Achats officiels et diversification des réserves : banques centrales des émergents (Chine, Turquie, Inde…) continuent de remplacer progressivement les T-bills par de l’or physique .
Rendements réels toujours négatifs : même si les taux nominaux restent élevés, l’inflation de base (3–4 % aux US, 2–3 % en €-zone) maintient les taux réels sous 0, ce qui soutient le métal jaune.
Opportunité : les flux vers ETF or et monnaies refuges devraient rester solides tant que l’indice dollar ne se stabilise pas ; attention toutefois à un « pain-trade » si la Fed redevenait hawkish.
2. Pourquoi le pétrole recule ?
Prime de risque évaporée : la trêve Iran-Israël a fait passer la probabilité de fermeture du détroit d’Hormuz de 15 % ➜ 4 % ; Brent passé de 81 $ à < 68 $ en quelques séances .
Stratégie OPEP+ : l’allègement progressif des quotas depuis mars pèse sur le marché ; Riyad compte plutôt sur une demande intérieure forte que sur des prix élevés pour boucler son budget .
Ralentissement cyclique : la croissance US tombe sous 1 % T/T, la Chine sous 4 % annuel, et le rebond européen demeure anémique – autant de facteurs qui freinent la demande de brut.
Transition énergétique : l’IEA estime que les véhicules électriques ont évité ~2 Mb/j de demande en 2025 ; les traders arbitrent le pic pétrolier perçu dans la deuxième moitié de la décennie.
Risques : un incident maritime ou un quota OPEP+ mal respecté pourrait rapidement reconstituer une prime > 10 $.
3. Devises : qui monte, qui cale ?
Bloc | Moteurs 2025 | Tendance récente |
---|---|---|
USD | Déficit jumeau > 8 % PIB, menaces de tarification universelle 10 % + surtaxe Chine 30–60 %, pressions politiques sur la Fed | -10 % YTD, plus bas de 3 ans |
EUR | Reflux du choc gazier, BCE déjà entrée en cycle d’assouplissement graduel | +6 % vs USD depuis janvier |
CNY | Pré-tariff-hedging : Pékin envisage de laisser filer le yuan vers 7,5–7,6/$ pour amortir les nouveaux droits de douane | –4 % vs USD depuis septembre |
CHF | Valeur refuge + SNB plus prudente sur les baisses de taux | plus haut de 2 ans vs USD |
JPY | BOJ sort lentement du YCC ; différentiel de taux reste négatif, mais le repli dollar soutient | +5 % vs USD sur le trimestre |
Lecture stratégique
Thématique | Opportunités | Risques majeurs |
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Portage « Long or / Short USD » | Momentum technique + flux bancaires centraux | Pivot hawkish de la Fed si l’inflation rebondit |
Énergie « lean » (short Brent, long utilities) | Surcapacité de l’OPEP+ & stocks élevés | Une brèche au détroit d’Hormuz (Brent → 90 $) |
Divergence monétaire US/Chine | Hedging exportateurs €-zone via hedges CNY | Cycle baissier trop abrupt ➜ sorties de capitaux EM |
Valeurs suisses défensives | CHF fort, visibilité sur la demande | Réappréciation EUR/CHF si la BCE accélère les coupes |
Points de surveillance (T3 2025)
Fed : FOMC du 31 juillet – probabilité 27 % d’un cut de 25 pb ; au-delà, marché price ~175 pb d’ici 2027
Tarifs US supplémentaires (deadline 9 juillet) – risque de riposte coordonnée Chine-EU.
Congrès du PCC (octobre) – signaux sur la cible de croissance 2026 et le couloir du yuan.
Moyen-Orient – maintien de la trêve Iran-Israël ; toute rupture renchérirait la prime pétrole-or.
💡 Idée de couverture “barbell” :
60 % Obligations indexées (TIPS, OATi) + 20 % Or physique/ETF + 20 % Actions qualité CHF/JPY.
Objectif : neutraliser l’inflation US/EU tout en profitant d’une éventuelle ré-accélération des risques géopolitiques.
En synthèse : l’or capitalise sur la combinaison rare d’un dollar fragilisé, de rendements réels négatifs et d’un risque géopolitique élevé ; le pétrole, lui, souffre de l’effet inverse — détente au Moyen-Orient et surplus à l’horizon. Les devises reflètent le bras de fer commercial Washington-Pékin : dollar et yuan sous pression, alors que l’euro et surtout le franc bénéficient d’un statut refuge retrouvé.