Depuis l’intensification récente des tensions commerciales et l’imposition de droits de douane élevés, notamment les tarifs américains de 104 % sur certains produits chinois annoncés début avril 2025, les marchés financiers mondiaux ont enregistré une forte augmentation de leur volatilité. Une grande partie de cette instabilité est attribuée à la montée en puissance du trading haute fréquence (THF) et aux algorithmes de trading automatisés, deux phénomènes qui exacerbent les mouvements de marché dans des proportions parfois inédites.

Lorsque les États-Unis ont officialisé ces nouveaux droits de douane, le S&P 500, indice de référence des marchés américains, a immédiatement plongé, effaçant près de 5,8 billions de dollars de valorisation en seulement quatre jours, un rythme rarement observé depuis la crise sanitaire de 2020. Cette chute vertigineuse s’explique en partie par le déclenchement simultané d’algorithmes automatisés, qui réagissent instantanément aux annonces économiques majeures en exécutant des milliers d’opérations par seconde.

La réactivité extrême de ces algorithmes contribue également à une volatilité accrue des marchés. L’indice VIX, souvent appelé « indice de la peur », qui mesure la volatilité anticipée des actions américaines, a ainsi dépassé le seuil critique de 50 points, atteignant son niveau le plus élevé en cinq ans. Ce pic traduit l’incertitude profonde des investisseurs face aux répercussions économiques des guerres commerciales, exacerbée par la vitesse et la fréquence à laquelle les ordres de vente ou d’achat sont placés automatiquement.

L’une des conséquences les plus remarquables de ce phénomène est l’apparition de « flash crashes », ces effondrements brefs mais violents des marchés. Ainsi, à la suite de l’annonce américaine, les titres bancaires tels que HSBC et Standard Chartered ont enregistré des pertes respectives de 13 % et 16 % en une seule séance boursière, des amplitudes rarement atteintes en si peu de temps depuis la crise financière mondiale de 2008.

Pour prévenir une amplification incontrôlée des chutes, les régulateurs ont mis en place des mécanismes de sécurité appelés « coupe-circuits » ou « stops de cotation ». Si une baisse brutale atteint un seuil prédéfini, par exemple une chute de 7 %, la cotation est suspendue temporairement, généralement pendant 15 minutes, afin de permettre aux investisseurs de reprendre leurs esprits et aux algorithmes de s’ajuster. Si la baisse atteint 13 %, un deuxième arrêt de 15 minutes intervient. Enfin, en cas de chute extrême de 20 %, la cotation est stoppée pour le reste de la journée.

Les algorithmes, qui fonctionnent souvent sur des seuils techniques prédéfinis, peuvent déclencher des ventes en cascade, amplifiant la panique initiale et éloignant temporairement les prix des fondamentaux économiques réels. Par exemple, les rendements des obligations américaines à 10 ans ont bondi de 40 points de base en trois jours, atteignant 4,515 %, un mouvement brutal davantage lié aux ajustements techniques algorithmiques qu’à une réelle réévaluation des risques économiques.

Enfin, la liquidité fournie par le trading haute fréquence est trompeuse. Si ces systèmes apportent une apparence de stabilité en temps normal, ils se retirent rapidement en période de stress extrême, laissant les marchés sans la profondeur suffisante pour absorber les chocs, comme en témoigne la récente vague de ventes massives sur les marchés obligataires américains.

Dans ce contexte, les régulateurs financiers surveillent de près ces pratiques de trading, conscients que l’association des incertitudes économiques mondiales avec l’instantanéité des transactions algorithmiques représente désormais un risque systémique majeur.

 

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